MARSEILLE-PROVENCE
capitale européenne de la culture 2013
Capitale européenne de la culture
À travers le temps
George Barker donne deux définitions à la culture. La première décrit l'ensemble des attitudes, des croyances, des pratiques, des valeurs, des identités partagées, des rites, des coutumes, et ainsi de suite qui sont communs à un groupe, si le groupe est délimité géographiquement, de façon ethnique, sociale, religieuse ou pour tout autre motif. La deuxième réfère aux activités et à la production de ces activités. Elle implique une production, un échange et une consommation telle que la pratique de l’art. [Barker, 2000, p.7]
L’évènement de la Capitale européenne de la Culture s’est concrétisé pour la première fois à Athènes en 1985. C’est grâce à l’initiative, à cette époque, de Melina Mercouri, ministre de la Culture grecque, soutenue par Jack Lang, ministre de la Culture française, qui ont fait adopter par leurs collègues de la Commission européenne en 1983 ce programme visant à mettre en valeur tous les ans une ville d’Europe. [Giroud et Grésillon, 2011, p.238]
Depuis la première édition de la Capitale européenne de la culture, on constate que les paradigmes, les enjeux et les objectifs initiaux ont évolué à travers le temps. Ainsi, les enjeux culturels pour la ville ont été profondément réinterprétés touchant l’une et l’autre des définitions de la culture décrite ci-haut par Barker. On note quatre principaux moments durant lesquels l’organisation de l’évènement s’est réorientée. Voici un tableau résumant les différentes étapes. [Giroud et Grésillon, 2011, p.238]
LE PROJET CULTUREL
Dates
1985-1989
1990-1999
2000-2010
Perspectives d’avenir
Motivations qui sous-tendent le projet
Un évènement culturel estival pour promouvoir l’Europe
(spectacles, expositions, « fêtes de l’Europe »)
Un évènement touristique et un élément de marketing urbain pour promouvoir la ville
Une opération d’envergure aux multiples facettes pour transformer la ville
Le retour de la vision européenne et la région urbaine comme nouvel horizon
Dans un premier temps, l’évènement était consacré à une série d’activités estivales passant presque inaperçues auprès de la communauté européenne. Puis, en 1990, un tournant marqua l’évènement par la nomination de la ville de Glasgow. Cette ville n’étant pas une métropole, mais plutôt une industrielle et de taille moyenne, intègre une nouvelle dimension tournée vers le marketing urbain afin de répondre à la crise économique par laquelle elle fut touchée. Pour ce faire, la ville réussit à amasser 60 millions d’euros pour le projet, investissant dans la rénovation urbaine et l’action artistique en vue de créer un évènement touristique pour bonifier son économie. Le succès de l’évènement en ce qui a trait aux objectifs s’avère indéniable avec une hausse de 50 % de la fréquentation touristique. L’image de l’ancienne cité ouvrière a été transformée donnant un nouveau modèle d’organisation pour les « villes européennes de la culture ». Une nouvelle phase pour l’évènement s’amorce dès l’an 2000. Le programme planifie dorénavant la mention de « capitale européenne de la culture » attirant davantage de villes candidates pour ce titre devenu prestigieux. Depuis 2007, l’accroissement de l’évènement amena la Commission européenne à nommer deux capitales par année plutôt qu’une. Fait intéressant, lors de la mise en candidature pour l’Espagne projetée en 2016, 15 villes ont manifesté leur intérêt en 2009. Dans un éland pour faire découvrir sa ville, l’action communautaire originelle a été détournée au profit des intérêts urbanistiques et architecturaux. En analysant les cas plus récents, les perceptives d’avenir pour les capitales européennes de la culture annoncent des candidatures aux périmètres élargis, ne mettant plus seulement une ville en avant plan, mais toute une région métropolitaine. [Giroud et Grésillon, 2011, p.240]
En ce sens, la nouvelle tendance d’un point de vue géographique élargi s’observe pour l’évènement de Marseille-Provence 2013. En effet, ce projet couvre l’aire métropolitaine de Marseille, soit presque tout le département de Bouches-du-Rhône. Plusieurs villes comme Aix-en-Provence, Arles et Salon-de-Provence font d’ailleurs partie intégrante du projet. De plus, le cahier de charges maintenant imposé par la Commission européenne (décrit ici-bas) aux villes candidates pour un même pays permet de mettre en compétition plusieurs villes d’un même pays. Ainsi, ces deux éléments combinés dans l’organisation des capitales européennes de la culture amènent à l’avant-plan l’action communautaire à l’origine du projet.
Processus pour devenir une CEC
Le cas de Marseille-Provence 2013
En soi, le projet débute par un vote au conseil de la ville de Marseille en 2004, et le dépôt de la candidature en 2007 auprès du ministère de la Culture en France. La ville est nommée récipiendaire en 2008 pour l’année 2013. La longueur de ce processus permet aux villes candidates d’établir leurs objectifs pour ensuite les concrétiser. [Marseille-Procence 2013]
La candidature de Marseille-Provence 2013 s’appuie sur des enjeux bien spécifiques à la région. D’abord, sa position géographique en fait un lieu stratégique pour l’avenir de la Méditerranée. D’ici 25 ans, la croissance démographique méditerranéenne est estimée à 96 millions de personnes dont 92 millions sur les rives sud et est. Plusieurs déséquilibres sont à envisager tant pour ce qui est du déficit d’emplois, des besoins en consommation d’eau (augmentation de 400 % au Sud, 50 % au Nord), le pourcentage du PIB investi dans la culture (2,2 % en France, contre 0,5 % dans les pays du Sud). Toutes ces inégalités qui se creusent induiront une migration vers le Nord. Le projet se veut une réponse pour surmonter la division et les inégalités en soutenant les coopérations culturelles. De plus, Marseille est la plus grande ville cosmopolite de la Méditerranée. Le potentiel de partage entre plus de trente origines différentes est immense. [Marseille-Provence 2013]
Des intentions à la réalité
Le mise en oeuvre du projet
La mise en œuvre du projet permet à la culture de rayonner de multiples façons dans le contexte de Marseille-Provence 2013. Trois étapes définissent la réalisation de ce tel projet. D’abord, il s’agit d’accueillir le monde par ses infrastructures dans la ville. Ensuite, d'offrir des plateformes de partage de par les ateliers d’artistes. Enfin, faire rayonner l’interculturalité en Méditerranée, en Europe et à l’international. [Marseille-Provence 2013]
D’abord, les infrastructures d’Euroméditerranée pour la piétonnisation du Vieux-Port ont été investies par l’évènement de Marseille-Provence 2013 en offrant un partage de l’espace urbain à différents modes de transports. Aussi, plusieurs grands chantiers composant le front de mer et toute la région métropolitaine de Marseille ont été réinvestis et même construits dans le but d’offrir des espaces de qualité pour la diffusion, les échanges et les rencontres. [Marseille-Provence 2013]
Ensuite, la mise en place d’atelier d’artistes, d’une durée de trois mois à trois ans, dans des milieux non dédiés à l’art comme des bureaux en milieu public et privé permet de sensibiliser de nouveaux publics. Les ateliers touchent à plusieurs activités artistiques, dont l’art visuel de façon plus fréquente. Aussi, ces œuvres ont été exposées durant diverses manifestations culturelles au saint d’une quinzaine de quartiers créatifs donnant naissance à des interventions sur l’espace public, comme c’est le cas pour la Friche de la belle de mai. [Marseille-Provence 2013]
Enfin, le projet de Capitale européenne de la culture permet d’une part une vitrine internationale par la mise en œuvre de la diffusion de la culture dans la ville et à l’international et d’autre part, le projet permet aussi, du moins d’une façon plus concrète que le projet EuroMed, à la population locale de participer à des évènements culturels dans la ville induisant un caractère identitaire.
1.CHAPELLE DES PÉNITENTS BLANCS
Extension du Musée Granet
Plus de 700 m2 d'espaces d'exposition supplémentaire
Chapelle construite en 1654
2.CONSERVATOIRE DE MUSIQUE ET DE DANSE DARIUS MILHAUD
7 000 m2 dédiés à l’enseignement de la musique, de la danse et du théâtre
62 salles dont 15 de pratique individuelle, 5 de pratique collective, 2 salles réservées à l’enseignement de l’art dramatique et 4 studios à la danse
Auditorium de 500 places
Pour répondre à ces principaux enjeux, deux buts ont été fixés. En premier lieu, il s’agit d’enrichir culturellement le « processus de Barcelone » en continuité avec l’Euroméditerranée pour assurer la pérennité des liens entre les cultures. En deuxième lieu, il s’agit de développer l’activité culturelle et artistique (donc la culture comme définition d’un groupe et comme consommation), comme moteur de la ville en tenant compte de quatre dimensions : la qualité de l’espace public, l’irrigation du territoire, la participation citoyenne et l’attractivité de la métropole. Ces deux enjeux ont été guidés par un fil conducteur. Il s’agit du « partage des Midis » voulant que Marseille-Provence devienne une plateforme d’échange et de création pour les artistes européens et méditerranéens toutes disciplines confondues. [Marseille-Provence 2013]
La candidature de Marseille-Provence 2013 a été retenue en ce sens où les objectifs définis par la Commission européenne prévoyaient être atteints. À ce jour, quatre objectifs sont visés par la Commission européenne soit : [European Commission]
Mettre en valeur la richesse et la diversité des cultures en Europe ;
Célébrez les caractéristiques culturelles partagées des Européens ;
Accroitre le sentiment d'appartenance à un espace culturel commun des citoyens européens ; et
Favoriser la contribution de la culture au développement des villes.
Année
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1995
1996
1997
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Ville
Athènes (Grèce)
Florence (Italie)
Amsterdam (Pays-Bas)
Berlin (Ouest), (RFA)
Paris (France)
Glasgow (Ecosse)
Dublin (Irlande)
Madrid (Espagne)
Anvers (Belgique)
Lisbonne (Portugal)
Luxembourg (ville)
Copenhague (Danemark)
Thessalonique (Grèce)
Stockholm (Suède)
Weimar (Allemagne)
Avignon (France), Bergen (Norv.), Bologne (It.), Bruxelles (Belgique), Helsinki (Finl.), Cracovie (Pologne), Prague (Rep. Tch.), Reykjavik (Isl.), St-Jacques-de Compostelle (Esp.)
Porto (Portugal) et Rotterdam (Pays-Bas)
Salamanque (Espagne) et Bruges (Bel.)
Graz (Autriche)
Lille (France) et Gênes (Italie)
Cork (Irlande)
Patras (Grèce)
Luxembourg (G.R.) et Sibiu (Roum)
Liverpool (G-B) et Stavanger (Norvège)
Linz (Autriche) et Vilnius (Lituanie)
Essen-Ruhr (All.), Pècs (Hon.) et Ist. (Tur.)
Turku (Finlande) et Tallinn (Estonie)
Guimaraes (Portugal) et Maribor (Slové.)
Marseille (France) et Kosice (Slovaquie)
Les Capitales européennes de la culture