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La démocratisation de la culture est l’accessibilité à l’art pour le grand public. Ce principe repose sur la « valeur civilisatrice des arts Â». [Matarosso et Landry : 1999, dans [Gattinger, 2011, p.4]. À titre d’exemple, l’ajout d’un musée dans une ville permet à l’art de s’ouvrir à sa population, en l’éduquant sur une culture à plus grande échelle, même internationale. Toutefois, la démocratisation de la culture ne permet pas de réduire les limites entre les classes socioéconomiques. Ceux ayant un plus faible revenu ou éducation sont malheureusement souvent moins touchés par ces dispositifs d’arts, par opposition aux mieux nantis [Hameth Ba & Zentelin, 2010, p.103]. Pour remédier à cette problématique, il est nécessaire de renouveler les objectifs pour offrir une culture dite plus populaire, afin d’élargir l’offre à un plus large public. 

 

Dans les années 1970, alors que la démocratisation de la culture était un principe politique très critiqué pour son « approche élitiste d’homogénéisation du haut vers le bas Â» [Matarosso et Landry, 1999 : dans Gattinger, 2011, p.3], le principe de la démocratie culturel survient. La démocratie culturelle vise à développer et améliorer l’accès aux moyens de production artistique, et le rayonnement des Å“uvres plus populaires. (IBID). La démocratie culturelle vise à faire AVEC et non POUR la population, ce qui contribue à la sensibilisation des gens.

 

Le schéma présente la nuance entre les deux principes. La démocratisation de la culture concerne principalement la diffusion artistique et culturelle, alors que la démocratie concerne son inclusion.

Marseille est un modèle d’intégration culturel et de diversité ethnique, comme présenté dans la section précédente. Elle offre un terreau fertile pour l’émergence d’une mixité. Les immigrants y vivent, faisant rayonner leur culture propre dans des lieux spécifiques. Toutefois, la cohabitation des différentes ethnies se fait souvent par une concentration par quartier, où chaque secteur est connu par nationalité. À l’exception du quartier du Port Sud, très mixte, des débats ont cours entre les quartiers culturels sur leur intégration propre. Le projet urbain Marseille-Provence 2013 vise à optimiser le principe d’interculturalité, comme « plus qu’une simple cohabitation des différentes ethnies dans un lieu donné, mais […] la relation sociale que cette cohabitation propose dans le temps, et dans l’espace Â» [Dollet : 2008, p.62]

 

 

Le 20 octobre 2004, la diversité des cultures se fait reconnaitre comme un principe fondamental selon UNESCO. Selon le ministre de la Culture et de l'Éducation de l'époque, l’objectif est la reconnaissance de l’identité personnelle, dans une optique d’intégration internationale et de reconnaissance de l’expression culturelle. [Donnedieu de Vabres, 2005, p.8] 

 

 

L’action culturelle peut valoriser les territoires urbains ou en difficulté. « Les projets artistiques et culturels permettent […] aux habitants, au travers d’une certaine émancipation vis-à-vis de leur condition sociale et économique, d’être et de se sentir acteurs dans leur environnement quotidien Â» [Hameth & Zentelin, 2010, p.107]. Les projets culturels doivent répondre à une demande commune des citoyens, sans proposer une formule générale où tous adhèrent systématiquement. L’art permet de faire naitre de nouvelles relations et engendrer un processus d’adhésion à plus grande échelle, dans une optique d’interculturalité dans une ville. [Genyk, 2009, p.80]

 

Le cadre théorique vise à vous expliquer les nuances d’accessibilité culturelle dans un secteur dit interculturel, comme le projet urbain de Marseille-Provence Capitale européenne de la culture 2013. Les sections suivantes présentent des concepts clés, et leur application dans le projet urbain analysé dans ce travail. 

ACCESSIBILITÉ CULTURELLE À MARSEILLE

Interculturalité

Démocratisation culturelle ou démocratie culturelle

DÉMOCRATISATION CULTURELLE

DÉMOCRATIE CULTURELLE

Dans le cadre de Marseille-Provence Capitale européenne de la culture 2013, on parle d’élargir les catégories de gens concernés par la culture et les arts, afin d’évoluer par rapport aux problématiques élitistes des grandes institutions artistiques. Pour se faire, il faut encourager les pratiques des artistes émergents, et surtout, promouvoir l’implication des citoyens dans les actions artistiques et culturelles d’une ville. Le projet d’une ville doit devenir un projet commun. La participation citoyenne passe par un meilleur contact entre les citoyens, les associations locales et le gouvernement. [Hameth Ba & Zentelin : 2010, p.11]

Outre une meilleure implication citoyenne, une bonne gouvernance est nécessaire pour la mise en place de ces projets urbains d’envergure. Krahmann et Paquet définissent la gouvernance comme la Â« coordination au sein des acteurs gouvernementaux, commerciaux et sociaux […] afin de poursuivre des objectifs partagés ou interdépendants lorsque les ressources, le pouvoir et l’information sont répartis à grande échelle parmi eux et qu’aucun acteur unique n’est en mesure de poursuivre de façon efficace les objectifs à lui seul Â» [Krahmann & Paquet, 2003, dans Gattinger, 2011, p.4]. Lorsqu’on parle de projets culturels, la gouvernance se doit d’être multi-niveaux. En effet, puisque la culture n’est pas relative à un unique palier de gouvernement, ce sujet doit être traité par tous les niveaux, en coordination. Toutefois, dans des situations pareilles, le défi réside dans la répartition des couts pour assurer l’accessibilité aux arts, et ainsi, permettre la concrétisation du projet urbain. 

 

 

En effet, lorsqu’on parle de soutien aux arts, une répartition financière juste permet une meilleure pérennité du projet, et aussi d’assurer la démocratisation, voire la démocratie culturelle. Si l’implication financière du secteur privé est importante dans un projet donné, la démocratisation et la démocratie culturelle seront surement réduites, en raison des intérêts des entreprises qui investissent [Gattinger, 2008, p.5]. Une plus grande part du gouvernement dans le cadre financier assure une meilleure démocratie culturelle. Par ailleurs, le gouvernement a aussi ces propres visées, et lorsque ce dernier subventionne un projet, il accorde sa subvention à des conditions, pouvant limiter les initiatives spontanées. Un changement de gouvernement peut induire une alternance de point de vue menant parfois jusqu’au gel d’un budget. Ainsi, la partie investie par le gouvernement est sujette à la gouvernance urbaine, où les intérêts communs sont surtout politiques [Morel, 2010, p.4]. Enfin, si les associations de citoyens prennent plus de place, l’approche risque d’être précaire puisque les fonds et le personnel en place pour le gérer peuvent ne pas être suffisants.

 

Ainsi, un bon équilibre global et représentatif des intentions des organismes de soutiens aux arts contribue à améliorer la démocratisation et démocratie culturelle.

 

 

Dans le cas du financement prévu pour Marseille-Provence Capitale européenne de la culture 2013, présenté dans le dossier de candidature, 15 % des fonds est accordé par le privé, 40 % par le public et 45 % par la société civile. La grande part du financement accordé par le public et la société civile explique pourquoi les oeuvres présentées valorisent autant le savoir-faire local et régional.

 

 

Pour Marseille, l’enjeu était de permettre l’appropriation des espaces publics, par le biais de l’art. Ainsi, en montrant aux habitants, il est possible de faire des interventions de proximité permettant une réflexion commune des citoyens sur les espaces de partage. [Hameth Ba et Zentelin, 2010, p.99]. Des solutions mises de l’avant englobent l’art de rue afin de faire évoluer la perception d’un lieu donné par sa population, dans une optique d’intégration artistique [Genyk, 2009, p.80]. L’extériorisation de l’art permet de favoriser son accessibilité, mais surtout son pouvoir éducationnel sur la population [Hameth Ba et Zentelin, 2010, p.104]. Les trois lieux suivants présentent une forme importante de la culture. 

 

 

Esplanade du J4

 

Ce secteur, entre le fort Saint-Jean et la Cathédrale de la Major, accueille le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM et la Villa Méditerranée). Attracteur à grande échelle grâce aux infrastructures muséales datant d’Euroméditerranée et de Marseille-Provence 2013, le contenu culturel de ses institutions se veut plus international que local. Toutefois, dans certains cas, l’art dit populaire est intégré au cÅ“ur des institutions artistiques de haute culture. C’est le cas du MuCEM qui a mis en place, lors de son ouverture, une exposition sur le hip-hop. Né en 1980, le hip-hop envahit aujourd’hui les rues françaises, par une musique rassembleuse et populaire. Dans le cadre de l’exposition, les installations multimédias servaient de laboratoire de diffusion publique, où les visiteurs pouvaient composer et participer à l’œuvre. Ce type de muséographie, assez récent, permet d’aller chercher un plus large public, et ainsi, permet au projet d’atteindre une plus grande démocratisation de la culture. [Maugars et Dalbéra, 2005, p.6]

 

 

 

 

La gouvernance

Application du cadre théorique aux chantiers culturels de Marseille-Provence 2013

La Friche de la Belle de Mai

 

 

La Friche de la Belle de Mai est un espace d’expérimentation unique pour la fabrique de l’espace urbain. Ce lieu vise un développement économique et social entièrement connecté aux enjeux actuels de son environnement. On y retrouve des artistes émergents, environ soixante groupes, regroupant autant des gens en arts visuels qu’en théâtre. En plus d’être un espace de production artistique contemporaine, ce lieu offre des ateliers de fabrication ouverts aux grands publics, notamment un Fablab et des ateliers numériques.

 

Orchestrée par la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), la ville de Marseille, partenaire fondateur, reste propriétaire des lieux. La ville de Marseille vise à améliorer la démocratie de la culture. En effet, les mesures en place visent à offrir des conditions favorables au développement artistique à moindre cout, avec comme conséquence que la réduction des couts de production permet aux artistes d’être plus autonomes. Aujourd’hui munie d’un schéma directeur, la Friche peut désormais demander du financement des pouvoirs publics. Toutefois, ce projet étant majoritairement antérieur à Marseille-Provence Capitale européenne de la culture 2013, la Friche de la Belle de Mai souhaite conserver son indépendance face au développement, afin de conserver son caractère marginal.

 

Le Fond Régional d'Art contemporain

 

 

Enfin, le secteur du Fond Régional d’Art contemporain (FRAC) est créé en 1982 à Marseille. Il vise à monter une collection dite nomade afin de la diffuser auprès d’un large public. Ce dernier est ainsi amené à s’impliquer dans une recherche d’approches créatives. Chaque FRAC est unique et vise à démocratiser la culture. Celui de Marseille a été déplacé dans le cadre du projet Euroméditerranée et Marseille Provence 2013.  Il se situe aujourd’hui non plus dans le quartier historique, mais en plein cÅ“ur de la Joliette. Il est composé majoritairement d’œuvres nationales et régionales. Le FRAC vise à attirer l’international pour valoriser les Å“uvres locales, malgré sa situation géographique moins touristique. Intimement lié au projet urbain, son financement est davantage public. L’art descend dans la rue, comme l’œuvre de Michel Chevalier Seconde nature, sur la place Arvieux. Cette Å“uvre interactive dialogue avec les passants par le biais d’une projection murale.

MuCEM

[Ville de Marseille, 2013]

 

Arts et développement

[Ville de Marseille, 2011]

 

Arts et développement

[Ville de Marseille, 2011]

 

Arts et développement

[Ville de Marseille, 2011]

 

Carte de la ville - J4

[Ville de Marseille]

 

Carte de la ville - Belle de Mai

[Ville de Marseille]

 

Carte de la ville - FRAC

[Ville de Marseille]

 

MuCEM

[Ville de Marseille, 2013]

 

MuCEM

[Ville de Marseille, 2013]

 

Villa Méditérrannée

[Ville de Marseille, 2013]

Quartier créatif, JR

[Ville de Marseille]

 

Quartier créatif, JR

[Ville de Marseille]

 

Quartier créatif, JR

[Ville de Marseille]

 

Quartier créatif, JR

[Ville de Marseille]

 

« Seconde Nature », Miguel CHEVALIER

[Ville de Marseille, 2013]

 

« Seconde Nature », Miguel CHEVALIER

[Ville de Marseille, 2013]

 

FRAC

[Ville de Marseille, 2013]

 

Schéma expliquant la gouvernance

 

 

Schéma montrant les proportion du cadre financier de Marseille Provence 2013

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